Cet article est la conséquence d’une forme de raz-le-bol. Mais rassurez-vous, je vais tâcher de rester courtois, voire même souriant. 🙂

Je suis un peu contrarié par les modes en impro que l’ont traite comme des lois physiques. Je fais de l’impro depuis une vingtaine d’années maintenant. Lorsque j’ai commencé, le format majoritaire, dominant, écrasant était le match d’impro. Il y a des raisons historiques à cela. Puis d’autres formes ont commencé à se faire leur place, d’autres publics, ou le même qui aura évolué dans ses goûts. J’ai, avec mes camarades de l’époque, surfé la vague de la profondeur, puis de la sincérité. J’ai entendu pour la première fois le mot « organique » dans les années 2010. J’ai depuis appris qu’il date de bien avant. Merci Jacques Lecoq. Puis, sur un autre plan, le longform s’est démocratisé… Le rythme lent… On a (re)découvert l’importance de développer les relations entre les personnages.

La mode aujourd’hui est plutôt à cela. Les troupes avancées ont quasi systématiquement un format long à leur répertoire. Option sincérité et relation.

Demain ce sera autre chose. Le masque ? Le canevas feuilletonnant? La performance biographique?

Ça me rappelle la longueur des pantalons hommes… Dans les années 90, c’était jean’s l’hiver, shorty l’été. Dans les années 2000, on au vu arriver les baggy, bien larges… Les pantacourts. Le bermuda est revenu dans les années 2010. Et je me souviens encore de la première fois que j’ai vu, il y a 5 ans, le jean moulant MAIS avec chevilles apparentes. Je n’ai aucune idée de la fripe à laquelle nous serons mangés demain.

Je suis suranné, un peu désuet, voire très déconnecté. Les gens qui me côtoient le savent : De septembre à mai, je suis en pantalon noir-gilet noir-chemise. ça me simplifie la vie et ça répond aux différents besoins qui sont les miens.

L’impro n’est pas une science. L’impro est un art. Peut-être en raison du fait que arts et sciences ont un rapport à la technique, on a parfois tendance à confondre… La science est ce que nous avons trouvé de mieux pour nous donner une vision partagée de la réalité objective. Un art permet d’exprimer une vision subjective, plus ou moins partagée, de ce réel. La science fonctionne selon des processus retenus pour leur rigueur. Elle aboutit à une vision du réel qui prévaut jusqu’à ce que des processus encore plus rigoureux, encore plus précis la redéfinissent. Un art n’a pas cette manière d’exister ou d’évoluer. Il peut évoluer selon l’inspiration, l’envie, la créativité,…

Pour exister l’improvisation, a des techniques . En apprendre et les maîtriser sont des passages obligés. Maîtriser, c’est savoir ce qu’on fait, pourquoi on le fait et, aussi, pourquoi, parfois, on ne le fait pas. Mais sacraliser les techniques pour ce qu’elles sont me semble une erreur. L’impro n’est pas une science. « Sur scène, l’important, c’est la relation. » n’a pas la même valeur que « Au bord d’un pont, l’important, c’est la gravité. » . La gravité est une loi physique, vous n’y échapperez pas. La relation est une technique, un centre d’intérêt, un fait de scène. Et vous pouvez vous jeter sur scène en décidant de mettre en œuvre d’autres ressorts.

Ainsi, j’ai, en ce moment, besoin d’exprimer une chose : En impro, gardons nous de regarder comme « arriérés » les gens qui ne sont pas « à la mode ». Ou même, gardons nous d’affirmer péremptoirement ce que l’impro est, ou n’est pas. (Dit-il…péremptoirement….). Des peintres font l’entièreté de leur œuvre au couteau, d’autres à l’aérographe, d’autre à la projection. Les modes disent ce qui a de la valeur pour le plus grand nombre à un temps donné. Mais elles sont, donc, relatives. Gardons nous du snobisme consistant à faire des lois, à partir de ce qui nous plaît ou de la technique en vue en ce moment. L’impro, c’est multiple, riche, ondoyant, évoluant, en croissance permanente. Et ce n’est pas parce qu’il est à la mode de porter le long que ça n’est pas OK de la jouer short.

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