L’image ci-dessus vient d’un atelier du stage « Match et formats compétitifs. ». Un stage où on traite le match d’impro pour ce qu’il est, un spectacle, avec ses rôles et sa mise en scène. On y parle de beaucoup de chose. Notamment du caucus.

Le caucus, ce temps de spectacle qui n’est pas du spectacle. Ces 20 secondes entre le thème et le jeu. Ce moment de musique calme, comme une respiration dans l’effervescence du match. Le seul morceau du match qui échappe au public. Qui lui échappe tellement qu’il lui arrive de poser cette question ingénue « Mais vous prévoyez vraiment tout en 20 secondes ?!? »

Non. Pas vraiment.

« Alors vous faites quoi…? »

Ben, on se dit des trucs. Ou pas. En fait c’est très variable…

Je n’ai pas vraiment de réponse à ce que doit être ou pas un caucus. C’est aussi pour ça que je préfère la poser à mes élèves en stage. J’ai pas de réponse. Donnez-moi la votre. C’est quoi votre caucus idéal? Et les réponses aussi sont très variables. Parfois contradictoires.

A la publication de l’image ci-dessus, Marc, de la Compagnie des Instants Révélés répond ceci :

Depuis quelques années, avec l’émergence de l’impro slow, l’essaimage des idées de Keith Johnstone en France, le caucus n’est plus en odeur de sainteté. On va vers « l’organique », le ressenti, le pur instant.

Et cette situation me rappelle une citation de Milton Erickson, en réponse à l’interrogation sur la voie de l’intervention juste en hypnothérapie : « Faites confiance à votre inconscient. »

Fuck le caucus.

Ce à quoi Richard Bandler, qui a modélisé les manières de travailler d’Erikson rétorquait, avec son franc parler « Ouais, enfin… Un inconscient qui a bien travaillé, quand même. »

Ainsi je remarque que les appels à dégommer le caucus ou l’approche narrative vient souvent de personnes qui ont beaucoup d’expérience en improvisation théâtrale… Des gens qui les ont longuement pratiqué avant de les lâcher. Et je ne serai pas étonné que ces personnes en aient intégré les rouages au point de ne pas avoir besoin d’y penser.

Un peu comme un jazzman chevronné qui dirait « Faire des gammes est inutile, toutes les notes sont sur le claviers et les doigts tombent là où il faut… » Des doigts qui ont bien travaillé…

Improviser sans aucune approche narrative intégrée, ni caucus intérieur, dans le ressenti de l’instant cela existe. J’imagine qu’on doit le retrouver dans plusieurs endroits théâtraux. C’est ce que j’ai pratiqué, il me semble, avec Magali Docteur, en stage de clown. Un travail d’expression de soi, consistant à supprimer des filtres et à accueillir. Cela donne des choses très belles. Des émotions intenses avec l’authenticité en guide. Près du Je et loin du jeu. Mais cela donne rarement des histoires.

En tout cas, pas de ces histoires à rebondissement, haletantes et riches de décors bizarres et de personnages baroques et cisélés.

Jouer avec ce qu’on est, oui. Mais n’oublions pas qu’on est ce qu’on est, aussi, grâce à ce qu’on a traversé, ce qui nous a traversé, ce qu’on a appris et intégré. Renoncer au caucus n’est pas se débarrasser de toutes ses traces. Les plus tenaces n’étant pas en surface.

Yes, fuck le Caucus. But nicely.

And with love.

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